Vergessen – les mots oubliés

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Vergessen – les mots oubliés

Vergessene Wörter der französischen Sprache

Jede Sprache hat ihre vergessenen Kinder, pardon, Wörter, die aus dem aktuellen Sprachgebrauch verschwinden oder bereits in Vergessenheit geraten sind. Die französische Sprache macht da keine Ausnahme. Möchten Sie mich auf eine kleine Reise begleiten?

Evidemment, un tel billet ne peut s’écrire qu’en français … pour toutes celles et tous ceux qui sont amoureux de la langue de Rousseau, Montherlant, Balzac, Zola et tant d’autres, y compris et peut-être surtout celles et ceux qui ne sont pas de langue maternelle française.

Le français abonde de mots démodés, à l’allure vieillotte, de mots qui pour l’une ou l’autre raison ont été remplacés par d’autres et de mots dont l’emploi en termes de syntaxe a évolué pour être simplifié. Si vous le voulez bien, je vous emmène faire une petite excursion dans les dédales du vocabulaire français.

Le premier plat que vous servez à vos invités est un « gros plat », une pièce de résistance en fait, un gigot d’agneau par exemple ou un hachis parmentier, donc un plat qui doit apaiser ou « abattre » la première grosse faim : c’est un abat-faim (pluriel : des abat-faim). Cependant, une fois que vos invités auront mangé ce plat, ils n’auront peut-être plus faim ou plus assez pour la suite. A ne pas confondre avec l’étouffe-chrétien (pluriel : des étouffe-chrétien) qui désigne un met très copieux, étouffant, de consistance épaisse, sachant que le « chrétien » évoqué dans ce terme n’est pas celui dont la religion est liée au christianisme. Il désigne simplement un être humain comme vous et moi sans référence à ses croyances.

Le domaine de la marine regorge de mots et d’expressions ayant perdu leur place dans le langage courant. Un bel exemple, selon moi, est le verbe « s’abeausir ». Après trois jours de pluie et de vent, le temps s’abeausit, il se met au beau. Joli, non ?

Que vous soyez de langue maternelle française ou allemande, vous vous demandez pourquoi ces cages métalliques remplies de galets, ayant fait leur apparition il y a quelques années dans l’environnement du jardinage et servant de murs ou cloisons, s’appellent « gabions ». Et bien, un gabion est un terme de guerre qui désigne un grand panier rempli de terre, utilisé autrefois dans les sièges pour protéger les soldats contre les ripostes des assiégés.

« Je vois deux gendarmes », vous dit le bijoutier la loupe à l’œil ? Et bien non, il ne s’agit pas des militaires de la Gendarmerie Nationale ; ici, le mot « gendarmes » désigne de petites paillettes ou fêlures que le bijoutier décèle dans un diamant, entraînant une moindre valeur de cette pierre précieuse.

On pourrait prendre ce mot pour un faux-ami, en fait son étymologie est simple : le saunage, l’action de produire du sel, ne signifie pas que l’on fait une séance de sauna, mais vient du verbe latin « salinare » (faire du sel). Le sujet du verbe sauner peut être soit une personne (qui produit, extrait ou commercialise du sel) soit un marais salant, bassin, qui produit du sel. Le saunier est équipé d’un tandelin, une hotte de sapin, mot qui désigne aujourd’hui (aussi) la hotte du vendangeur.

Par contre, le mot scurrilité est bien un terme dont la signification, par rapport à la langue allemande qui connaît le terme Skurrilität, s’est moins éloignée de ses origines. Alors qu’en français, scurrilité est un latinisme peu usité aujourd’hui signifiant « plaisanterie, clownerie, farce », le nom allemand désigne une idée, situation, chose bizarre, peu conventionnelle, qui attire l’attention. Cependant, l’étymologie est identique, ces deux mots venant du latin scurra qui signifie bouffon, plaisantin.

Rabobiner est un très vieux verbe du français populaire signifiant « réparer, raccommoder grossièrement », par exemple une chaise bancale ou des chaussettes. Il est peu usité aujourd’hui. Mes grands-parents paternels le connaissaient, mais utilisaient plutôt son synonyme « rafistoler ». Dans certaines régions de France, notamment en Picardie (dont le dialecte le plus vivace est aujourd’hui appelé ch’ti.), « se rebobiner » veut dire « se réconcilier ».

Vous avez un chien qui enfouit un vieil os dans le jardin ? Il va peut-être le défouir un jour. Alors que le verbe « enfouir » fait partie du langage courant, « défouir » est beaucoup moins usité de nos jours. En Normandie, l’expression « avoir l’air d’un défoui » signifie « avoir mauvaise mine, avoir l’air d’un cadavre (sorti de terre) ».

Les plus avisés parmi vous, chères lectrices et chers lecteurs, savent bien sûr que le mot « amour » est masculin au singulier et féminin au pluriel. Dans mes cours de français, autrefois, je citais l’exemple : « c’est le plus bel amour de toutes celles que j’ai connues ». Mais connaissez-vous aussi le contraire de l’amour ? Non, je ne parle ni de la haine ni de l’antipathie, mais du mot « le désamour » qui signifie « la cessation de l’amour ». Et oui, l’amour n’est pas éternel. Enfin, à vous de juger …

  1. J’ai beau avoir le français pour langue maternelle et une véritable affinité pour cette langue, ses bizarreries et notamment ses mots anciens et de moins en moins usités, je ne connaissais pas la plupart des mots cités dans cette chronique. Où êtes-vous allés les chercher ? 🙂 Dans le recueil de Pivot sur les mots désuets qu’il préfère ? 🙂 En tout cas, félicitation ! Cette chronique divertit agréablement l’esprit. Je suis curieux de voir s’il y aura une suite.

    • Merci pour ce retour positif et toutes mes excuses de ne pas avoir réagi plus tôt.
      Et bien non, ni dans le recueil de Pivot ni dans quelque autre livre … Notes personnelles, souvenirs de mes grands-parents … et puis, les langues, c’est mon métier. 🙂
      Mais vous avez raison, il serait temps que je rédige une suite.

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